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Une réflexion sur la formation des psychanalystes

                             Une réflexion sur la formation des psychanalystes
                                                                                               

Jean-Baptiste Legouis 
                                                                          Paris, 10 janvier 2022
                                                                         



Comment transmettre la psychanalyse ?

Dès 1902 avec la création de la Société psychologique du Mercredi, qui deviendra en 1908 la Société psychanalytique de Vienne se pose la question de la formation des psychanalystes. Ce n’est qu’en 1925, au congrès de l’IPA de Bad Homburg que la nécessité d’une psychanalyse personnelle, pour exercer l’activité de psychanalyste, est actée. Depuis, la formation des psychanalystes n’a cessé de poser question et différentes réponses ont été apportées ponctuant l’histoire de la psychanalyse. Les divergences internes donnant lieux à des séparations, des scissions et aux créations de différentes institutions. Au point qu’il est devenu difficile pour les non initiés de s’y retrouver dans la diversité des institutions et des formations.

Je me souviens, il y a une quinzaine d’année, d’une réunion à laquelle j’ai assisté avec Fernando de Amorim à l’Institut Théologique Protestant à propos de la situation de la psychanalyse en Italie. L’amendement Accoyer sur les psychothérapies venait d’être adopté en France avec une mise à l’écart de la psychanalyse qui n’entrait pas dans la catégorie des psychothérapies. Cela était vu comme une victoire du côté des psychanalystes.

Or, en Italie le cadre législatif est très ressemblant puisqu’en février 1989 a été adoptée, en Italie, la loi Ossicini qui légifère sur le statut de psychothérapeute et qui met de côté le statut de psychanalyste qui n’est pas concerné par cette loi. Cela a eu pour effet d’isoler les psychanalystes en Italie qui n’ont plus d’existence légale. Lors de cette réunion une intervenante italienne avait expliqué qu’ils envisageaient de demander à d’anciens psychanalysants de témoigner publiquement des bienfaits qu’avait eu la psychanalyse pour eux.

En sortant de cette réunion et en nous dirigeant vers la place Denfert-Rochereau, Fernando de Amorim et moi-même discutions du désintérêt des étudiants en psychologie pour la psychanalyse. J’avais dit, à ce moment-là, que ce désintérêt ne m’étonnait pas outre mesure. Les propositions de formation des écoles de psychanalyse étaient très flous, tant sur la durée que sur le contenu et la technicité. J’ai évoqué alors des diplômes universitaires de techniques comportementales et cognitives (TCC) qui se mettaient en place et qui proposaient d’acquérir une compétence psychothérapeutique en deux ans. J’appuyais mes propos sur ma propre expérience universitaire et des discussions avec un collègue lors de mon service militaire qui pratiquait les TCC. J’avais dis, à ce moment-là, que je comprenais que des étudiants en psychologie soient davantage attirés par cette formation là que par la psychanalyse.

Fernando de Amorim m’avait alors fait remarquer qu’il fallait davantage faire connaître la formation que propose le RPH qui permet de commencer à pratiquer au plus vite.

- Psychanalyse personnelle tant que le clinicien pratique la clinique psychanalytique.
- Participation à un groupe d’étude des œuvres de Freud et de Lacan
- Supervision individuelle et de groupe
- Recevoir des patients à la Consultation Publique de Psychanalyse (CPP)
- Participation aux réunions cliniques
- Assister aux séminaires et participer aux colloques

Cette discussion ressort au moment où, au Brésil, une université privée propose une formation à la psychanalyse en quatre ans, sans nécessité d’entamer une psychanalyse personnelle. Ce qui met en émoi les communautés psychanalytiques brésilienne et française.
Depuis 1997 Le RPH-École de psychanalyse met en œuvre une proposition concrète de formation théorico-clinique. De jeunes gens, étudiants en psychologie ou en médecine, sont invités à s’engager, au plus tôt, avec leur désir. Cela passe, entre autres, par la possibilité de recevoir des patients dès que possible. Car cette rencontre avec l’être en souffrance est au cœur de la clinique psychanalytique. Éprouver et supporter le transfert ne s’apprend pas dans les livres, ni dans les colloques ou dans des discussions amicales, mais sur le divan, pour soi-même et dans le risque d’ouvrir sa porte à des êtres en souffrance et d’accueillir une parole singulière orientée par l’association libre.

La psychanalyse qui traverse actuellement de nouvelles turbulences, ce ne sont ni les premières ni les dernières, mérite que les psychanalystes, en tant que psychanalysants, témoignent de sa vitalité, de sa vigueur et de sa pertinence. Nous commençons ici-même.
À suivre…