La responsabilité de l’être dans sa maladie

La responsabilité de l’être dans sa maladie

 

 

A Nanterre, le 27 avril 2019

 

Ouarda Ferlicot

 

 

L’être a une part de responsabilité dans la maladie qu’il développe. Freud parlait de fuite dans la maladie afin d’échapper au conflit né de l’expression du désir inconscient qui tend à se faire connaître.

 

De ce désir inconscient, l’être ne veut rien savoir.

 

C’est pourquoi, lorsqu’une personne vient avec une maladie organique nous sommes alertés par deux éléments :

- la libido a quitté son lit pour s’écouler par l’organisme plutôt que par la parole ;

- l’être a abandonné sa position de parlant et ne se sent plus responsable de ce qui lui arrive.

 

Ces deux éléments nous permettent de dire qu’il y a un risque que l’être abandonne sa cure et qu’il n’arrive pas à bon port.

D’un point de vue technique, l’augmentation des séances hebdomadaires est une nécessité.

Cette nécessité a pour but de toucher la résistance du surmoi dans le cas de la maladie organique et ainsi viser l’aliénation du moi qui se sclérose au contact du médical.Sans cela, la bataille contre la résistance semble perdue d’avance.

 

Mais alors pour quelles raisons l’être choisit-il de tomber malade ?

 

L’être est capable de tomber malade par haine de l’autre. Au contraire de parler sa haine de l’autre, elle se retourne contre lui et alimente une culpabilité inconsciente.

Les proches de malades savent combien celui qui souffre d’une maladie peut se montrer irascible, agressif voire tyrannique avec son entourage.

Dans certains cas, c’est sa vengeance vis-à-vis de ses parents que le malade veut exercer au travers de sa maladie en obligeant ces derniers, de par son état, à s’occuper de lui et à le prendre en charge.

Bien entendu, ce n’est pas parce qu’il choisit de tomber malade que l’être ne souffre pas de cette position.

 

Nous pouvons alors nous demander pour quelles raisons il a tant de mal à quitter cette position qui le fait souffrir ?

 

De sa maladie, l’être tire des bénéfices.

  

Nous pouvons en distinguer deux sortes : le bénéfice primaire qui satisfait un désir inconscient et le bénéfice secondaire lié aux avantages après- coup qu’offre la maladie, comme par exemple, le fait d’être pris en charge ou de ne pas aller travailler.

En tombant malade, c’est la responsabilité d’être qui est évacuée.

Cette responsabilité est visible lorsque l’être en psychanalyse commence à corporéifier son organisme selon la théorisation de Fernando de Amorim issue de ses travaux sur les malades de médecine.

 

La corporéification de l’organisme est un concept qui traduit le fait que le psychanalysant associe librement et parle ses pensées et ainsi interprète sa maladie.Ses interprétations sur sa maladie viennent ainsi coudre symboliquement les parties de son moi à son organisme.

 

 

L’effet de cette opération clinique peut se vérifier lorsque les symptômes organiques disparaissent progressivement. Cette prise de responsabilité éthique de l’être dans ce qui lui arrive modifie considérablement le rapport libidinal qu’il entretient avec ses objets, autrement dit, dans son investissement libidinal.

 

Prendre soin de soi nous indique que le moi redevient maître en sa demeure. Il ne se laisse plus envahir par les assauts continus du ça, c’est-à-dire des pulsions inconscientes.

Ainsi, un psychanalysant qui après plusieurs années, énonce qu’il va enfin aller consulter un médecin généraliste pour se soigner, nous indique tout le trajet de la libido.

 

 

Celle-ci, pendant des années, voire des décennies, a emmailloté le moi sous couvert de la résistance du surmoi, résistance liée au sentiment de culpabilité inconsciente et au besoin de punition, poussant l’être à se prendre pour un déchet et à se traiter comme tel.

 

 

L’effet de la psychanalyse a permis ainsi que s’opère une libération de cette stase de libido qui peut circuler plus librement grâce au dégonflement de cette résistance et par là-même, au dégonflement imaginaire du moi qui dans son aliénation, a oublié de prendre soin de lui.

 

 

Cet effet de la psychanalyse est confirmé par le psychanalysant qui lors d’une séance reconnait que sa psychanalyse y est pour quelque chose dans cette avancée.