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Psychothérapie, psychanalyse : le remboursement à tout prix, combien ça coûte ?

Psychothérapie, psychanalyse : le remboursement à tout prix, combien ça coûte ?

Paris, le 20 janvier 2021

Chloé Blachère

 

Ces dernières années ont vu l’émergence de forfaits de prise en charge par les mutuelles d’un certain nombre de séances de psychothérapie. Certaines personnes, incitées par de tels dispositifs, demandent dès lors à être remboursées de leurs séances chez le psychothérapeute ou le psychanalyste. À leur tour, l’État, la collectivité, s’interrogent.

En 2018, une expérimentation sur trois ans du remboursement de consultations chez le psychologue ou le psychothérapeute directement par la caisse d’assurance maladie, a été lancée dans quelques départements.1Ce pilote inédit se proposait d’explorer une nouvelle voie pour tenter d’endiguer la consommation en forte hausse d’antidépresseurs et de somnifères en France. Il est à noter que si cette initiative visait à ouvrir la possibilité d’une prise en charge psychique à une plus large partie de la population, elle comprenait dès le départ des critères d’inclusion ou d’exclusion stricts. Or, devant son succès et le coût pour l’État, donc pour le contribuable, de nouvelles mesures contraignantes ont été appliquées avant même la fin de la période des trois ans. À ce jour, l’expérimentation est close et aucune décision n’a été prise quant à la suite qui pourrait lui être donnée.

Quel bilan tirer d’une telle expérience ? Tout d’abord, que l’argent public n’est pas illimité et qu’il est indispensable de repenser une organisation collective qui puisse conduire l’être et le groupe social vers un avenir possible. Par ailleurs, il apparait urgent d’entendre la souffrance qui pousse massivement à consulter des cliniciens. Mais il est aussi à entendre, pour les professionnels cette fois, que les honoraires pratiqués par de nombreux psychologues ou psychothérapeutes peuvent dissuader un nombre important de personnes d’aller les consulter.

Le coût d’une séance : quand le sujet s’engage

Ce constat n’est pas nouveau puisqu’il participait à la création, dès 1991, de la Consultation Publique de Psychanalyse (CPP), sous l’initiative de son fondateur Fernando de Amorim2. Son objectif était et est toujours de permettre à toute personne en souffrance psychique de pouvoir rencontrer un psychothérapeute ou un psychanalyste quelles que soient ses possibilités financières. L’élément déterminant est qu’il lui est proposé ici de régler une somme qui s’articule à la fois aux ressources dont il dispose et à la valeur qu’il accorde à sa parole.

Dans cette perspective, le montant qu’il détermine doit pouvoir lui être supportable financièrement, autrement dit sans avoir à compter sur la sécurité sociale ou sa mutuelle – l’argent de l’autre. Au travers de cet acte clinique, le clinicien accepte certes de toucher moins d’argent, mais se positionne du même coup du côté du désir de l’être et non plus de son symptôme. Cette technique vise à placer le désir du sujet, et donc sa responsabilité vis-à-vis de lui-même, au cœur de sa cure comme de son existence.

Si cette position clinique est rapidement comprise par la plupart des patients ou psychanalysants, elle peut réveiller chez d’autres une haine que certains n’acceptent pas de questionner et mettre au travail clinique. Fermement attachés à revendiquer leurs droits, certains vont jusqu’à menacer le clinicien qui les reçoit, le menacer directement ou indirectement, sous forme de commentaires dépréciatifs notamment, refusant d’en savoir davantage sur cette haine qui les anime. Pourtant, cette haine, nourrie par les organisations intramoïques, à savoir la résistance du Surmoi et l’Autre non barré3, a toute sa place en séance, comme une occasion pour l’être d’apprendre sur lui-même et de construire son existence, avec sincérité, responsabilité et dignité.