Anissa Delanoue
Marseille, le 15 Juillet 2025
Théorie et clinique sont co-dépendantes et essentielles à la pratique professionnelle quotidienne. Le clinicien désireux de formation et de savoir se munit d’outils consolidant sa compréhension en l’inscrivant dans une pratique sérieuse et responsable. « Le clinicien a une connaissance à la fois pratique et technique ; il met son désir dans l’opération. »1
Dans une approche psychanalytique, le signifiant ne peut être mis de côté. Dans le Manuel Clinique de Psychanalyse2, par exemple, les termes cliniciens, praticiens et techniciens sont clairement définis. Sensibilisé à ces distinctions, parler de malade, de patient ou de psychanalysant ouvre sur des registres différents. Le clinicien emploie méticuleusement un vocabulaire réfléchi. Équipé pour mener la cure et faire face au Moi en souffrance, le clinicien minutieux marche au côté du patient et de son désir.
Le professionnel met au travail son expérience clinique en permanence. Sa propre cure permet de supporter le transfert dont il est l’objet et de ne pas geler sa pensée. De facto, il se doit de résister à la demande du patient et de porter son désir d’entrée en psychothérapie puis en psychanalyse. La relation transférentielle, essentielle dans la psychothérapie et la psychanalyse de l’être, doit s’installer et être nourrie, notamment par cette non-réponse du clinicien. « Dans la relation transférentielle, la non-réponse du clinicien à la demande du patient vise à nourrir son désir de savoir sur ce qui l’anime et à entrer en psychanalyse. »3
Sur cette base, le clinicien pourra différencier ce qui fait partie intégrante du travail psychique du patient ou du psychanalysant et appliquer ce que Fernando de Amorim nomme la « technique de l’écarteur »4, élaborée au bénéfice de l’être en souffrance et fruit d’une rencontre théorico-clinique freudo-lacanienne. Cette technique permet de se tenir au plus près de la souffrance du patient et du psychanalysant et représente un outil de taille pour le clinicien afin « d’éviter l’acting-out ou le passage à l’acte, mais également la prise excessive de médicaments, l’hospitalisation, les tentatives de suicide. »5
C’est avec ces outils sémantiques et techniques qu’opèrent les membres du RPH (Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital) – École de Psychanalyse.
Faire le pont entre théorie et clinique est une étape charnière que chacun doit surmonter. Comment s’exprime le conflit œdipien ? Comment différencier l’hallucination d’un délire ? Comment expliquer le rapport au désir dans la névrose obsessionnelle ? Et quid du symptôme en lui-même6 ? Comment l’entendre et qu’est-ce que le clinicien en fait ? Les membres du RPH se sont posé ces questions et ont donné leur réponse dans l’ouvrage Manuel Clinique de Psychanalyse.