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L’Ordre et le sexe : le vertige

Pourquoi être ami de la psychanalyse, c’est bon pour tout le monde.

Édith de Amorim
Paris, le 20 mai 2025

Ça fait quelque temps maintenant qu’en France le Réel sexuel se déverse sans ambages dans les salles d’audience de nos cours criminelles. Depuis le procès Pelicot, suivi de près par celui Le Scouarnec, une question est sur toutes les lèvres : comment c’est possible ?

Comment c’est possible, non pas que des hommes puissent se révéler aussi piteux, lamentables et capons, puisque nous avons affaire aux pulsions, sexuelle et agressive, qui n’ont qu’une idée en tête : la décharge en bien ou en pire, mais plutôt comment c’est possible qu’un système, et en particulier celui de l’Ordre médical, n’ait rien vu, rien déduit, rien objecté ?

Voilà une femme d’un âge certain qui vient régulièrement consulter pour des inflammations de l’utérus et des pertes de mémoire, entre autres joyeusetés, sans que jamais la suspicion de soumission chimique ne soit même pensée. Or, « pour éviter une errance comme celle qu’a connue Gisèle P, il est indispensable qu’un médecin traitant puisse parler de sexualité et de consentement sans tabou avec son patient », explique La Dépêche, qui rapporte l’entretien accordé à Libération par le Dr Lucie Bosméan, médecin généraliste en ville et à la Maison des femmes du CHU de Grenoble[1].

Le Parisien n° 25111, daté du 20 mai 2025, titre en page 14 : « Le fiasco Le Scouarnec ». L’article rend compte des audiences où ont comparu – malgré eux – les présidents des conseils de l’Ordre du Finistère et de Charente‑Maritime. L’un a voulu produire un certificat médical lui « épargnant de témoigner »… Monsieur Poquelin que venez-vous faire dans cette galère ? Ce président-là soutient qu’il ne voit pas de différence entre pornographie et pédopornographie et qu’il s’agit, pour lui, d’une nuance.

Et cet autre président qui soutient qu’en 2008 les mœurs ne permettaient pas de bien faire la différence et dit : « Aujourd’hui je pense qu’il ferait l’objet d’un refus. » Il pense…

Pour en revenir aux propos du Dr Bosméan, comment, sans la psychanalyse, les facultés de médecine pensent-elles pouvoir former leurs étudiants à parler sans tabou de sexualité et de consentement ?

Pourquoi la psychanalyse ? Et elle seule. Parce que depuis 1905, la psychanalyse et les psychanalystes sont baignés dans ces eaux opaques de la sexualité infantile qui, encore aujourd’hui, rebrousse le poil des présidents des conseils de l’Ordre en particulier, et celui du commun des mortels en général. Un psychanalyste met – comme la présidente de la cour criminelle du Morbihan, Aude Buresi – les pieds dans le plat de la sexualité.


[1] « Procès des viols de Mazan : inflammation de l’utérus, perte de mémoire… Pourquoi aucun médecin n’a suspecté la soumission chimique de Gisèle Pelicot ? », La Dépêche, 3 septembre 2024.

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