Sophie Vitteaut
Paris 20, le 30/03/2020
Le « confinement », ce mot que nous entendons à flots depuis deux semaines a été adopté dans le langage actuel, bien qu’absent du discours du président le lundi 16 mars dernier. Quand la période de confinement va-t-elle débuter ou terminer? Quel sera le degré d’isolement ? Quelles seront les conséquences pour nos vies, pour notre santé et pour l’économie du pays ?
La mesure actuelle de confinement est une disposition de crise et d’urgence. Si nous ouvrons le dictionnaire, nous trouvons cette définition : « action de confiner », puis dans le langage médical il est dit : « interdiction à un malade de quitter la chambre »(1).
Sommes-nous tous malades pour être confinés ? Il s’agit justement de ne pas, ou de ne plus l’être et de limiter la propagation de la contagion. C’est à cet endroit, que la mesure de confinement s’entend.
Des restrictions manifestes sont mises en place par le gouvernement : une sortie par jour, d’une heure, pour des actions spécifiques, tout de même une certaine souplesse, contrairement à d’autres pays, à savoir la possibilité de se dégourdir les jambes, de pratiquer du sport…
Un souci général du moral des français est relayé par les médias, la peur : de l’anxiété liée à l’isolement, de la dépression, des conflits au sein des foyers, des violences conjugales… Les besoins en termes de psychothérapie se font entendre de tous côtés : personnes confinées, personnels soignants mis à rude épreuve, travailleurs désormais appelés : « la 2ème ligne »,dans la métaphore guerrière de l’épisode que nous traversons.
Le confinement et l’isolement peuvent être difficile à vivre et faire ré-apparaitre des souffrances jusqu’alors contournées, évitées par une vie professionnelle et sociale très active. De nombreuses personnes vivent péniblement la solitude et cela se manifeste par une augmentation de l’anxiété, de l’angoisse mais aussi une perte de l’intérêt et du plaisir, pouvant mener à la dépression.
Qu’en est-il du travail du psychothérapeute en temps de confinement général ? Une modification du cadre de la pratique psychothérapeutique se met en place. Il n’est plus question de recevoir les patients en cabinet, en face à face ou sur le divan. Il s’agit de s’adapter et de déplacer la consultation du cabinet au téléphone, et ce, pendant un temps indéterminé.
La psychothérapie au téléphone est une solution momentanée qui permet aux personnes souffrantes de se sentir mieux et de continuer à aller de l’avant d’autant plus pendant la crise sanitaire que nous vivons.
Freud nous dit dans Traitement psychique : « Les mots sont de bons moyens pour provoquer des modifications animiques chez celui à qui ils sont adressés » puis « la magie du mot peut éliminer les phénomènes morbides, du moins ceux qui ont eux-mêmes leur fondement dans des états animiques. » (2).
Le confinement peut être une occasion pour certaines personnes en souffrance de, comme le dit Freud, retrouver la magie du mot par le biais de la consultation au téléphone. A travers le téléphone, la voix et la présence du psychothérapeute sont au rendez-vous.
Même si l’environnement habituel est absent, le traitement psychique continue d’opérer. C’est pour cela que le RPH, école de psychanalyse, a mis en place le Service d’Ecoute Téléphonique d’Urgence, le SETU ?, assuré par des psychothérapeutes et psychanalystes, cliniciens de l’école. Ce service d’écoute permet une permanence téléphonique 24h/24h et 7j/7.
(1) Petit Robert 2014.
(2) Sigmund, FREUD (1890). Traitement Psychique, Oeuvres Complètes I. Paris, PUF, p. 165.