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A quoi sert une psychanalyse, proche Paris 11

A quoi sert une psychanalyse ? Proche Paris 11

Fernando de Amorim

Paris, le 10. VIII. 2011

“Carpe diem quam minimum credula postero” 
Ode à ja jeune Leuconoé

Une psychanalyse sert à apprendre à vivre. Il y a quelques êtres qui ne savent pas parler, qui disent mal et parce qu’ils ne savent pas dire, ils se pensent maudits par une puissance réelle ou imaginaire. Quelques-uns se montrent dans l’incapacité de reconnaître l’existence d’un Autre qui les a nourris, portés, voire soulevés. Noyés dans les eaux de l’arrogance, de la douleur et du mépris, ils se pensent puissants. 

Lacan avait dit que la nature est pleine de semblants. Il faut dire que ces semblants ne nous concernent pas directement, ils concernent les êtres qui y vivent. La relation entre nous et la nature est une relation entre un imaginaire qui veut vaincre le réel, comme c’est la logique humaine dans sa relation avec la forêt amazonienne. Mais elle peut être une relation où notre imaginaire est dégonflé par le symbolique. Dans cette opération, notre relation au réel devient, non une confrontation directe, mais une délimitation, un acte de civilisation de la nature. 

C’est en regardant notre belle campagne française que je me suis senti autorisé à cette réflexion. La vie quotidienne des hommes qui habitent nos campagnes consiste à repousser la nature qui veut reprendre ses droits. La nature est une des expressions du réel, même si cela n’empêche pas cette dimension imaginaire entre les êtres de la même espèce de nourrir le semblant. 

C’est en voyant les hommes délimiter les forêts pour pouvoir cultiver, c’est en voyant les lézards des murailles traverser les routes de l’Aube, c’est enfin, en regardant les machines couper l’herbe au bord de ces mêmes routes que je me suis dit que tout le jour l’être habitant la campagne maintient cette relation de confrontation avec le réel. En la repoussant sans une visée de destruction, tout en reconnaissant son existence, l’homme danse avec ce réel. 

Le semblant naturel codifie la vie des êtres dans la nature. Nous n’allons pas voir un lézard vivre au bord d’un lac, mais nous pouvons voir un humain habiter une grande forêt ou au bord d’une rivière, et en faisant construire une piscine à quelques mètres de la mer. Ce n’est pas uniquement ringard, ridicule n’est pas encore le mot. C’est humain. 

Le semblant chez les être parlants vise à ne pas savoir ce qui l’anime, et surtout, ne pas savoir que, ce qui l’anime est le désir, désir qui, par définition, est manque puisque aucun objet rond, même s’il fait de cette forme géométrique son dos, pourra remplir le carré de sa lecture du monde. 

Incontestablement on apprend à vivre après une psychanalyse, et une psychanalyse est un voyage dans les eaux jamais avant sillonnées d’un océan où on lutte au quotidien pour ne rien savoir. Et cela n’est pas répréhensible. C’est humain. 


La psychanalyse nous apprend à cueillir, à inventer. Cueillir tout en prenant en considération que, de l’avenir, on ne sait rien, un des noms de l’objet a.