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Femmes et sciences

Priscilla Lannoo Péron
Massy, le 2 novembre 2025

Par association libre à partir du titre de l’intervention de madame Ferlicot au prochain colloque du RPH, « Féminin a‑venir », je suis conduite à la question « quel avenir pour les femmes ? », puis à une remarque entendue l’année dernière, pendant l’un de mes cours de seconde année de licence de psychologie : notre professeur nous avait alors fait remarquer que nous étions une grande majorité de femmes dans notre promotion. Remarque qui aurait pu passer inaperçue si elle n’avait pas à ce point dénoté avec ce dont j’avais l’habitude jusqu’alors. En effet, lorsque j’ai débuté mes études universitaires de mathématiques en 2010, nous étions, au contraire, minoritaires.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche indique qu’en France, bien que 56 % des étudiants soient des femmes, leur répartition dans les différentes filières est particulièrement hétérogène1. En 2023‑2024, elles représentaient 71 % des effectifs en langues, lettres et sciences humaines contre 30 % dans les filières d’ingénieurs et 44 % des inscrits en sciences et STAPS. Dans cette dernière catégorie, elles n’étaient que 33 % en sciences fondamentales et applications au sein desquelles on retrouve les mathématiques et l’informatique.

Une importante ségrégation entre hommes et femmes se retrouve ensuite dans le monde du travail. En 2011, près de la moitié des emplois occupés par des femmes était concentrée dans environ 10 % des familles professionnelles où elles représentaient plus de trois quarts de l’effectif. Ces distributions seraient influencées dès l’enfance par plusieurs vecteurs dont les milieux scolaires, familiaux et sociaux en général. Notamment, au travers de pratiques genrées qui les amèneraient à considérer ces emplois comme le prolongement naturel de leurs appétences et de leurs aptitudes2.

Pour expliquer ces disparités dans les sciences, Clémence Perronet, sociologue et chercheuse en sociologie pour l’agence Phare, mentionne entre autres choses, les stéréotypes de genre et le manque de rôle-modèles de femmes scientifiques auxquels les jeunes filles pourraient s’identifier3. Une invisibilité à laquelle participe l’effet Matilda qui désigne le phénomène de minimisation du rôle joué par certaines femmes scientifiques dans des travaux de recherche au profit d’hommes. Il fut nommé ainsi par l’historienne des sciences Margaret Rossiter en l’honneur de Matilda Joslyn Gage, féministe américaine du XIXe siècle qui a elle-même œuvré en faveur de la reconnaissance de leurs contributions4.

Parmi les politiques publiques initiées pour tenter de faire naître ce désir chez les jeunes filles, le plan « Filles et Maths » a été lancé en mai 2025 par le ministère de l’Éducation nationale avec pour objectif d’augmenter la part de filles optant pour la spécialité mathématique en terminale et leur faciliter ainsi l’accès aux métiers de l’ingénierie et du numérique. Ces choix d’orientation participant au creusement des inégalités salariales entre hommes et femmes et au manque d’ingénieurs et de techniciens5.

La psychanalyse, quant à elle, offre à l’être, homme ou femme, la possibilité de sortir de ces stéréotypes genrés et ainsi de ces catégories imaginaires prédéfinies vers lesquelles le Moi est susceptible de se trouver poussé.


  1. Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Vers l’égalité femmes-hommes ? Chiffres clés 2025, 2025, consulté le 2 novembre 2025. ↩︎
  2. Buscatto, M. « Ségrégations genrées dans l’emploi et le travail », in Sociologies du genre, 2019, Armand Colin, pp. 99-136. ↩︎
  3. Université de Poitiers (3 avril 2024). Clémence Perronnet – Les inégalités de genre en mathématiques. YouTube. ↩︎
  4. Salvetti, A. « L’effet Matilda ». Médecine/sciences, 28 avril 2025, consulté le 2 novembre 2025. ↩︎
  5. Ministère de l’Education nationale. Communiqué de presse : plan filles et maths, 2025, consulté le 2 novembre 2025. ↩︎