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Construction d'une relation psychanalytique à partir de l'appel téléphonique

De l’appel téléphonique à la position de sujet

Fernando de Amorim
Paris, le 27. IX. 2011

 

Quand quelqu’un appelle un membre du SETU ?, il y a déjà un embryon de transfert. Non pas envers la personne de l’écoutant. Il n’y a pas de transfert vers les personnes, mais plutôt un signifiant.

 

Notre visée est de faire naître cet embryon, ensuite l’installer dans une relation corporelle avec nous. Le troisième temps est celui du nourrissage de ce transfert.

 

Dans la relation téléphonique nous avons le temps de la naissance du transfert. Pour installer ce transfert, il est nécessaire que l’appelant devienne patient, qu’il se présente corporellement dans la consultation à l’extérieur, qu’il puisse repérer le corps du clinicien en tant que signifiant, c’est-à-dire, passible de supporter le transfert. La consultation à l’extérieur se retrouve dans les colonnes 2 et 3 de ma cartographie (Cf. www.rphweb.fr).

 

Avec l’accord du patient et du clinicien, en position de psychothérapeute, ce dernier pourra nourrir le transfert. La visée de ce nourrissage est de faire en sorte que le patient puisse devenir psychanalysant, puis sujet.

 

Ainsi, l’enjeu du premier appel consiste à faire naître le transfert. Avec des questions telles que : « Etes-vous souffrant ? », « Qu’est-ce qui vous fait souffrir ? », la visée est d’installer le transfert avec l’écoutant. Si cette greffe transférentielle prend, l’écoutant pourra inviter l’appelant à venir nourrir le transfert en consultation à l’extérieur (Cf. « Cartographie »).

 

L’être dans la position de « malade » ou de « patient » veut simplement arrêter de souffrir (colonne 1 et 2 de la « Cartographie »). Le psychanalysant désire savoir (colonne 3 de la « Cartographie »). Si l’être continue à venir rendre visite au clinicien après avoir cessé de souffrir, ce n’est pas par amour du transfert, c’est parce qu’il désire savoir davantage.

 

Solliciter le désir de savoir d’un appelant, d’un malade à l’hôpital, d’un patient est cliniquement improductif. En revanche, nous pouvons l’inviter à associer librement tout en manœuvrant le transfert et la conduite de la cure pendant qu’il est en psychothérapie.

 

Nous pouvons attendre la présence du désir de savoir quand l’être est dans la position de psychanalysant. Nous pouvons même l’exiger éthiquement puisque, s’il se trouve sur le divan c’est parce qu’il a posé sa question au grand Autre et qu’il avait accepté de s’allonger.

 

La venue de l’appelant en consultation à l’extérieur est la preuve de la naissance et de l’installation du transfert. Le fait qu’il continue à venir en psychothérapie est la preuve que le clinicien sait nourrir le transfert.

 

En entrant en psychanalyse, c’est le psychanalysant qui pousse sa psychanalyse vers bon port. Le psychanalyste occupe la position d’objet a. Objet cause du désir puisque, par sa présence corporelle silencieuse, non pas morte, il est une compagnie utile quand on navigue seul dans l’océan inconnu de chez soi.

 

L’appel n’est pas la preuve d’un transfert, mais la preuve d’un appel de transfert au signifiant. En répondant affirmativement, l’écoutant installe le transfert dans cette rencontre des corps matérialisée par la voix. C’est en mettant de son désir, en invitant l’appelant à venir en consultation à l’extérieur, qu’il nourrit le transfert qui permettra à l’appelant de devenir patient, ce qui fera que l’écoutant deviendra psychothérapeute. Si le patient pose sa question à l’Autre, il deviendra psychanalysant et le psychothérapeute deviendra supposé-psychanalyste. En trouvant son bon port, la sortie de sa psychanalyse, le psychanalysant devient sujet et le supposé-psychanalyste devient psychanalyste pour de vrai, au moins de cette psychanalyse-là.

 

C’est avec cette logique clinique, freudo-lacanienne, que je forme les cliniciens du RPH.