Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital > L'école > Devenir psychanalyste > Pour la manutention du bien dire, Paris 75

Pour la manutention du bien dire, Paris 75

Pour la manutention du bien dire

Fernando de Amorim 
Paris, le 15. XI. 2011

 

 

La formation du psychanalyste est une question fondamentale pour les écoles psychanalytiques.

Il y a celui qui s’autorise à se dire psychanalyste de lui-même, c’est-à-dire, autorisé par son ego, il y a celui pour qui l’autorisation lui vient comme ça, dans une sorte de « coup de tête », et puis celui qui se dit psychanalyste parce que « je le vaux bien ! », l’autre manière de dire qu’il a un diplôme universitaire ou qu’il est docteur, que ce soit en médecine ou – le plus souvent – en psychiatrie, ou encore qu’il est psychologue ou professeur d’université. L’éventail est large et il serait vain et fastidieux de vouloir être exhaustif sur cette autorisation qui relève plus de la « société de maman », décrite par Edith de Amorim dans une brève récemment publiée sur le site du RPH

A l’issue de la réunion du 5 novembre dernier mobilisant contre le carcan du DSM, Jean-Baptiste Legouis m’a rappelé que ce manuel a pris toute sa vigueur au début des années 80 et lui de conclure : « A la mort de Lacan !». 

Ce que je fais mien de cette remarque c’est que Lacan fut le dernier rempart à la folie imaginaire

Or, depuis Lacan, il y a Jacques-Alain Miller dont les psychanalystes, au contraire de soutenir l’homme, fin stratège et habile orateur, prêt à se jeter dans la mêlée quand on touche à la psychanalyse, préfèrent faire fi de ses dires, quitte même à l’ignorer purement et simplement. 

Grossière erreur ! 

Nos décisions d’aujourd’hui sur la formation du psychanalyste auront des effets dans dix ans. 

Vouloir croire, à l’instar des psychanalystes, que la formation des jeunes psychanalystes d’aujourd’hui est cohérente avec la réalité de notre monde revient à se boucher les oreilles et les yeux. 

 

Il est fondamental de mettre en évidence que si nous voulons maintenir un niveau d’excellence des psychanalystes français, il faut commencer dès maintenant à établir que pour devenir psychanalyste le candidat ne doit pas être fâché avec l’enseignement universitaire. Ce n’est pas honteux d’être gradué par l’université, à la condition toutefois de ne pas penser que parce qu’on est docteur on est psychanalyste ! 

La cure personnelle n’est pas une option, elle est la colonne vertébrale de la formation psychanalytique, à condition que les psychanalystes qui l’assurent soient responsables, comme l’ont été Freud et Lacan. 

Ce qui caractérise la position du psychanalysant c’est le fait d’utiliser les associations libres et les formations de l’inconscient, pour savoir sur le désir qui l’anime. Chez le candidat à devenir psychanalysant – puisque le désir de psychanalyste lui aura été dévoilé sur le divan, en plus du savoir sur le désir qui l’anime – nous devons trouver aussi le désir de devenir le semblant de l’objet capable de supporter de naviguer à l’invitation de l’autre – autre qui ne sait pas naviguer (voyager sur l’eau et notamment la mer), conduire (emmener vers un lieu déterminé) le bateau, voire nager – dans les eaux jamais sillonnées, du désir de l’Autre. 

 

Les écoles psychanalytiques essayent de gonfler leurs effectifs pour montrer qu’elles ont beaucoup de monde dans leurs rangs. Mais à quoi sert la foule quand on voit que, face aux décisions politiques ou aux attaques des ennemis du désir, les rangs des combattants sont plus que clairsemés pour défendre la cause psychanalytique ? 

Une formation psychanalytique d’excellence, c’est ce que je cherche depuis des années au sein du RPH : en haranguant mes collègues, en les poussant à la rigueur clinique, aux études, à la finesse de leur exercice quotidien. Cela s’apprend dans le corps à corps transférentiel, dans les groupes d’étude, dans les séminaires, dans les colloques. 

On est psychanalyste au sein du RPH quand le psychanalysant devient sujet. Pas autrement. 

Dans cette logique, seul le désir du psychanalysant viendra attester de la véracité qu’il y a eu psychanalyse et qu’en conséquence celui qui a conduit la cure est effectivement psychanalyste, tout au moins de cette cure. 

C’est complexe ? Oui. Mais c’est le prix à payer pour avoir des psychanalystes de haut niveau.