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Les étapes du transfert dans la direction de la cure psychanalytique

Naissance, installation et nourrissage du transfert

Fernando de Amorim
Paris, 5. X. 2011

 

Qu’il soit psychologue, psychothérapeute, psychiatre et surtout psychanalyste, le praticien qui opère dans le champ du mental aujourd’hui, ne peut pas se passer de l’étude approfondie de l’œuvre de Freud pas plus que de celle de Lacan. A Paris ou à l’étranger, c’est à ces deux boussoles qu’il faut s’accrocher pour sortir du brouillard de la clinique quotidienne.

 

Face aux symptômes porteurs d’une subjectivité structurelle comme la dépression et l’anxiété, aux symptômes marchands comme le stress ou le burn out, c’est en s’appuyant sur la clinique psychanalytique que nous pouvons voir plus clairement ce qui se joue, pour de vrai, dans le rapport de l’être avec le désir qui l’anime.

 

Les détracteurs de la psychanalyse, tout comme celles et ceux qui s’en disent les amis, font fi de cet exclusif propre à la psychanalyse pour la simple raison que, soit, ils n’ont pas été psychanalysants, j’entends quelqu’un qui est entré et a trouvé la sortie de sa psychanalyse, soit ne sont pas cliniciens.

 

La course au diagnostic dans l’urgence est une très mauvaise orientation dans la clinique. Freud nous avait déjà alertés sur ce point. C’est pour cela qu’au contraire de poser un diagnostic, comme si on marquait la chair au fer rouge, j’opte pour la stratégie qui consiste à 1) faire naître, 2) installer et 3) nourrir le transfert. Si le clinicien a le transfert de son côté, il aura plus de possibilité d’opérer. Le diagnostic structurel sert comme point cardinal et non comme point d’ancrage. C’est une leçon que le clinicien trouvera chez Freud. Mais pour moi, c’est Lacan qui a mis en usage cette leçon et de façon magistrale. Pas de séduction, d’hypnose, de tricherie chez lui.

 

Ma lecture de l’usage que faisait Lacan du transfert c’est qu’il, avec le désir de psychanalyste, tirait l’être vers le haut. Lacan n’était pas un plombeur.

 

Inventer la psychanalyse au quotidien, semble avoir été une devise chez lui. Et quand on est dans cette logique de félicité et créativité, cela coule de source. Pourquoi ? Parce que les psychanalysants demandent et redemandent au psychanalyste ces expressions d’une relation intime avec le désir de trouver ce qui est plus près du vrai pour leur vie.

 

A un moment d’une cure, le psychanalysant est tellement engagé à en découdre d’avec l’ignorance, la tristesse « plombante », qu’il nous guide, il nous faut simplement, comme une jeune fille, tendre notre main pour un baiser ou pour être conduit au milieu du salon.

 

Au milieu du salon de danse, pas au milieu de l’arène, où parfois le psychanalyste se voit obligé d’aller pour calmer le symptôme et faire repasser le psychanalysant par le registre du symbolique et non demeurer dans celui de l’imaginaire avec les conséquences possibles dans le réel.

 

A ce moment de la danse il n’y a pas d’hostilité en vue. Il y a le psychanalysant qui désire savoir et le psychanalyste qui ne résiste pas à glisser sur la vague, à l’exemple du surfeur Greg Noll.

 

Une fois que le transfert est né, né puisque le psychanalyste avait accepté l’appel adressé par le malade ou le patient, et que ce dernier a fait la grâce de sa confiance, les rencontres peuvent s’ensuivre ayant comme visée la sortie de la cure.

 

Un mot à propos de cette confiance. Même si j’écris cette brève à 5h 26 du matin, cela ne veut pas dire que je sois endormi. Cette confiance est modique. Le psychanalysant n’est pas généreux. Il pourra le devenir - souhaitons-le lui -, pour que le bateau de la cure arrive à bon port.

 

Mais, habitué aux miettes, le psychanalyste ne se plaint pas des quelques lentilles que le patient ou le psychanalysant lui sert, histoire de nourrir le transfert du psychanalyste, pour que ce dernier puisse avoir de quoi alimenter, lui aussi, le transfert.