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Devenir sujet après une psychanalyse

Bouturage A propos du passage de psychanalysant à psychanalyste

Fernando de Amorim 
Paris, 16. V. 2011

Une psychanalyse est tout simplement didactique puisque le psychanalysant apprend sur ce qui l’anime, sur son désir. Je suis en désaccord avec l’idée qui consiste à penser que, à la sortie d’une psychanalyse nous avons un psychanalyste. A la sortie d’une psychanalyse nous avons un sujet, selon la cartographie du RPH (www.rphweb.fr). 

Mais avant de devenir sujet, quelques-uns, dans la position de psychanalysant, veulent se frotter à la clinique. Ils veulent quitter le champ supérieur de la cartographie pour occuper le champ inférieur, celui de psychothérapeute (colonne du malade et du patient) ou de supposé-psychanalyste (colonne du psychanalysant). 

Il faut les appuyer. Le psychanalyste doit appuyer le psychanalysant à commencer à pratiquer avec un malade, un patient (ce qui l’installe dans la position de psychothérapeute) ou avec un psychanalysant (ce qui l’installe dans la position de supposé-psychanalyste), toujours d’après la cartographie déjà citée. 

Le psychanalysant ne devient pas psychanalyste à la sortie de sa psychanalyse. Il devient psychanalyste s’il se décide à recevoir des patients et si cette opération tient la route. Nous savons, surtout parce que le candidat nous en informe, si le désir d’occuper la position de celui qui supporte le transfert (position de psychothérapeute) ou de celui qui occupe la position d’objet a (position de supposé-psychanalyste) est viable, au le sens du XVIe siècle, à savoir, qui est apte à durer. 

Ce dispositif exclut un quelconque maître pris en la personne du psychanalyste, du superviseur (pour ceux qui n’ont jamais assuré une psychanalyse), du contrôleur (pour ceux qui ont déjà assuré au moins une psychanalyse). Le maître, ici, c’est le discours du psychanalysant dit sous forme d’associations libres. C’est ce discours qui indique au psychanalyste, au contrôleur, aux institutions, que celui qui se dit psychanalyste l’est effectivement. Le discours est la boussole. 

Un psychanalysant qui désire devenir psychanalyste doit être soutenu dans son désir. Pour cela, son psychanalyste doit l’inviter à suivre les démarches exigées par la loi et à peine celles-ci entamées – c’est-à-dire dès la première année de faculté – l’inviter à recevoir des patients. C’est à ce moment et en ayant le psychanalyste comme superviseur ou quelqu’un d’autre de la même école que lui, que nous allons témoigner ou non du bouturage. Le psychanalysant qui désire devenir psychanalyste est comme la branche qui doit raciner : il plante son désir sans racine – il ne sait pas conduire une cure – ; afin de commencer à faire des racines il doit s’appuyer sur sa psychanalyse personnelle. 

Parfois la branche prend racines et donne une belle plante ; d’autres fois, cela échoue. Parfois, à peine a-t-elle fait quelques radicelles que la jeune plante se donne l’allure d’un arbre mûr à même de donner des fruits. 

La formation du psychanalyste est un travail arboricole qui requiert des soins quotidiens pour que la greffe du désir prenne.